Où en est-on maintenant ? Trois, quatre campagnes de financements participatifs pour les Ombres d’Esteren ? Non, depuis un mois, une nouvelle campagne Kickstarter est sortie pour l’édition US du scénario grand écran : Le monastère de Tuath.
Shadows of Esteren en anglais donc
Mais peut être vaudrait-il mieux que je parle du jeu pour vous donner l’eau à la bouche avant de vous demander d’ouvrir votre porte-monnaie pour un supplément … ?
Esteren est en fait une heureuse surprise rôlistique que j’ai eu il y a un peu plus de trois ans, et c’est un jeu de rôle avec un grand « R » dans le sens de roleplay. Ça faisait longtemps que je n’avais pas eu un bon feeling sur un jeu de rôle français, depuis de glorieux ancêtres tels que Rêve de Dragon, Maléfices, Berlin XVIII ou INS/MV ; et au détour d’un rayon d’une vieille(1) boutique de jeu de rôle, on me la conseiller.
De sa toile de fond
Les Ombres d’Esteren décrivent un monde médiéval d’inspiration celtique, où il ne fait pas bon vivre ; à savoir la péninsule de Tri-Kazel : une bande de terre d’un millier de kilomètres séparée du continent par la cordillère des Asgeamars réputée infranchissable ; les paysages sont rudes, montagnes et marais s’en partageant une bonne partie, et le climat est tout aussi accueillant, il oscille entre l’éclaircie et le franchement mauvais temps.
Trois royaumes règnent sur le territoire : Gwidre, berceau d’une religion monothéiste importée du continent, Reizh, bastion d’une technologie basée sur le flux et dont les plus grandes villes ressemblent à nos villes européennes du XIXème siècle, et enfin Taol-Kaer, le royaume du sud qui est resté fidèle aux anciennes traditions animistes des Demorthéns, sorte de druides de ce monde. Autrefois unis, ces trois royaumes sont désormais à couteaux tirés depuis la guerre fratricide du temple il y a une dizaine d’années, guerre où on vit s’affronter les armées de Gwidre contre celles des deux autres royaumes.
Et puis pour finir, comme si la vie n’était pas assez difficile, des créatures non-humaines aux buts étranges rôdent : les Féondas. Les théories vont bon train sur celles-ci, le taux de survie fasse à elles étant ridiculement faible, peu de gens peuvent réellement apporter un témoignage digne de foi, mais la plupart des Trikazéliens ont tous une histoire à raconter sur la disparition d’un parent, ami ou voisin, qui leurs est imputés.
Par contre les Féondas forment la seule espèce de créatures fantastiques du jeu, pas d’elfe, nain ou autre halfelin, ici. J’ai écrit « la seule espèce », mais c’est un abus de langage : les Féondas étant d’origines très diverses : que ce soit dans leurs tailles, leurs formes, ou même leurs règnes. Leur appartenance au règne animal est certifiée, mais il semblerait que quelques cas tenant plus du minéral ou du végétal aient été rencontrés.
De sa forme
C’est clairement l’un des gros points forts du jeu, la maquette des livres est d’excellente facture et les illustrations sont magnifiques.
De plus c’est un univers cross-plateforme, c’est-à-dire qu’on le retrouve sous format de Jeux de Rôle bien-sûr, de musiques d’ambiance (deux CDs pour le moment), mais aussi de nouvelles dispatchés sur le forum, d’un jeu vidéo sous la forme d’un futur Point-and-Click, et enfin de quelques petites statuettes pour les collectionneurs de figurines. Il existe même une aventure dont vous êtes le héros dans le Jeux de Rôle magazine n°15.
Il mérite en tout cas entièrement ses trois nominations et récompenses aux Ennies Award de l’année dernière, face à des ténors comme Wizards of the Coast :
- Best Art, interior – médaille d’or
- Best Production Value – médaille d’or
- Product of the Year – médaille d’argent
Et puis il ne faut pas oublier la motivation à toute épreuve de l’équipe issu du collectif Forgesonge, qui semble passer ses week-ends dans les différentes conventions qui fleurissent en France et ailleurs(2) pour présenter son bébé.
Des mécanismes du jeu
Côté règles, le système est assez simple et laisse beaucoup de places à l’interprétation en représentant les personnages par cinq scores de voies, et toute une série de valeurs de compétences. Chaque action est alors déterminée par un jet de résolution : score de voie (de 1 à 5) + valeur de domaine (de 0 à 5 puis en se spécialisant de 6 à 15) + 1D10, face à un seuil de réussite fixé par le meneur de jeu.
La Combativité, la Créativité, l’Empathie, la Raison et l’Idéal définiront donc le personnage : un guerrier devra sans doute privilégier la Combativité, tandis qu’un Demorthén s’axera plus sur l’Empathie et qu’un religieux du temple sur l’Idéal. Mais il n’y a pas à proprement parlé de mauvais scores :
Par exemple un score élevé dans la voie de Combativité décrit un personnage combatif et dynamique, mais tout aussi impulsif et que buté, dans le cas d’une situation de agressive, on ne peut espérer mieux, mais dans le cas d’un conflit diplomatique, non seulement ses interventions risquent d’être plus préjudiciables qu’autre chose, mais en plus il ne pourra probablement pas s’empêcher d’intervenir.
Yldiane, la Varigale, l’un des personnages pré-tirés du prologue
Si on prend le problème dans l’autre sens un score minimal en Combativité, décrira une personne calme et pondéré, mais aussi un peu molle et peut-être mélancolique. On aura alors le diplomate parfait, mais un piètre guerrier, qui hésitera de nombreuses fois avant de frapper l’adversaire.
Et puis on retrouve aussi les sempiternels points de vie et valeur de santé mentales, dans les rôles qu’on leur connait. C’est très classique, mais ça marche assez bien, et ça donne un petit côté réaliste qu’on ne voit par exemple pas dans Donjons et Dragons. On joue des humains normaux et quand on prend un coup d’épée, et bien on a mal et même très mal …
L’espérance de vie des personnages dépasse quand même celle des investigateurs de l’Appel de Cthulhu ; notamment parce que on ne sombre pas directement dans la folie quand votre santé mentale descend trop, les personnages développent plutôt des traumas qui vous faudra jouer et gérer.
Faire le tour de l’univers et des mécanismes de jeu ne me parait pas possible en un seul article, car on retrouve dans la gamme d’Esteren(3) :
- Un premier volume de règles épuisé puis réédité : L’Univers.
- Un supplément : Voyages, vendu avec l’écran du jeu, dont on attend la réédition dans une version augmentée, sur Ulule.
- Le scénario grand écran le Monastère de Tuath, prochainement en anglais.
- Des CDs de musiques d’accompagnement : D’hommes et d’obscurités, et Dearg, ainsi qu’un troisième en finalisation : Rise.
- Une première grosse campagne Dearg, initié encore une fois de plus sur Ulule, et dont les deux premiers volets sont déjà sortis.
- Un certain nombre de nouvelles, dessins et aides de jeu disponibles sur le site et le forum.
- Et le volume 0 – Prologue, un supplément de présentation du jeu, qui est la refonte de celle proposée par Jeu de Rôle Magazine n°11 de l’été 2010. Disponible gratuitement en PDF, ici.
Si je devais conseiller un axe d’introduction aux Ombres, je ne pourrai que vous conseiller de commencer par ce dernier supplément puis d’approfondir par votre connaissance du monde par la lecture de l’Univers.
Ce qui va sortir
Tout ça pour vous présenter cette nouvelle campagne en langue anglaise, car pour une fois les français n’ont pas été oubliés, vu qu’il est possible de participer pour des contreparties françaises grâce aux Grenouilles de Farl :
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(1) : Je dis « vieille », mais n’imaginer pas une vieille boutique décrépite, elle a toujours su se renouveler.
(2) : En Allemagne, en Belgique et en Suisse et même au US pour la GENCON 2013 …
(3) : Toute la gamme étant désormais ou en passe d’être disponible en anglais.
4 Responses to Les Ombres d’Esteren – Kickstarter 2014
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